Sarah Pinborough, Mon amie Adèle, Editions Préludes, Paris, 2017
Les éditions Préludes nous avaient annoncé que ce roman était une claque. D’ailleurs, ils nous ont intrigué pendant des semaines avec le hashtag #findeDINGUE. Et bien, ils avaient raison ! Ce roman est intrigant, il défie les genres, nous embarque dans une histoire pas comme les autres. Et même après avoir été prévenue, j’ai été étonnée par la fin !
Louise est mère célibataire et travaille à temps partiel comme secrétaire dans un cabinet de psychologues. Elle aime son travail, mais c’est son fils qui compte plus que tout. Sauf qu’elle a bien du mal à s’accomplir. Depuis que son mari l’a quittée pour une autre – et qu’il a enchaîné les conquêtes depuis – elle ne parvient plus à faire confiance aux hommes et n’a que très peu d’amis. Un soir, elle rencontre un homme dans un bar, David, mais s’aperçoit ensuite qu’il s’agit de son nouveau patron marié. Marié à une femme magnifique, Adèle, cette dernière semble parfaite en tout point. Sauf qu’elle cherche rapidement à devenir amie avec Louise… qui se retrouve coincée entre David et Adèle, commençant à tomber amoureuse du premier et amie avec la seconde qui, rapidement, semble inquiète, démunie face à son mari, ce que Louise a bien du mal à comprendre. Que cache ce couple qui semble parfait en société mais qui a l’air de cacher nombre de secrets inavouables ? A qui se fier ? Louise se retrouve prise au piège au sein de ce couple pas comme les autres…
Le lecture de ce roman nous fait passer par tous les sentiments, de l’empathie envers Adèle, puis David, et à nouveau Adèle, à en être perdu… Mais surtout envers Louise. On passe par la colère, la compréhension, l’incrédulité, le choc. Mais c’est un sentiment de peur insidieux qui nous prend aux tripes et un malaise qui nous poursuit même après avoir refermé le livre. C’est fort et dérangeant, les personnages restent longtemps après avoir fini le livre. On y pense encore des jours après, j’ai même dû attendre quelque semaines avant de m’atteler à l’écriture de cette chronique tellement j’étais encore choquée et troublée.
Les personnages sont travaillés, voire plus que cela, ils sont fouillés, forts, complexes et se révèlent au fil du roman. Ce sont les émotions que nous ressentons à la lecture qui nous guident, nous poussent à nous interroger sur ce que vit Louise, sur ce jeu de manipulation, et nous laissent perplexes… Nous sommes moins dans une collecte d’indices que dans une collecte d’impressions, de malaises qui finissent par faire sens à la toute fin. Et qui nous donneraient presque envie de relire le roman avec cette révélation en tête afin de déceler tout ce que à côté de quoi nous sommes passés.
Avant d’en venir à la fin, revenons sur les personnages et l’intrigue, menée de main de maître. Les personnages sont plus qu’intrigants, ils sont dérangeants, construits avec une telle maîtrise qu’on en reste bluffés. C’est la grande force de ce roman, nous interroger à chaque instant sur Adèle et David, leur couple, leur passé, ce qui les unis. On est autant perdu que Louise, à ne plus savoir à qui faire confiance. Des passages nous ramènent dans le passé d’Adèle, au lendemain de la disparition de ses parents dans un incendie auquel elle n’a réchappé que de justesse grâce au sauvetage in extremis de David, alors que traumatisée elle se retrouve dans un hôpital psychiatrique. Elle y rencontre un jeune homme aussi blessé qu’elle, se lie d’amitié avec lui. Elle nous semble bien différente de ce qu’elle est devenue et nous pousse à nous interroger sur un nombre important d’événements qu’elle a pu vivre, ainsi que sur David. On en devient un peu dingue, à ne plus savoir à qui se fier et que croire.
La fin de ce roman est juste hallucinante, complètement flippante, inimaginable, à avoir envie de recommencer cette lecture, comme je le disais. Il faudrait avoir l’esprit vraiment tordu pour envisager cette fin, même pour un fan de thrillers. Mais il faut bien que je le dise – et sans trop en dévoiler – : on est certes dans un thriller psychologique, un jeu de manipulation, des rapports presque schizophrènes entre les personnages qui nous font perdre nos repères, mais la toute fin nous entraînerait presque jusqu’à un autre genre, mais je n’en dirai pas plus !
Ce roman, c’est une claque, une écriture maîtrisée, une intrigue bien ficelée et obsédante, des personnages qui nous prennent aux tripes et une fin de dingue. Un roman addictif que je vous conseille, un peu flippant, une fin un peu traumatisante mais tellement inattendue qu’on ne peut que saluer l’imagination et la maîtrise de l’auteur. Chapeau bas.
Ma note : 5/5