Aurélie Valognes, Mémé dans les orties, Michel Lafon / Le Livre de Poche, Paris, 2014 / 2016
Vous avez besoin de vous détendre ? De prendre du bon temps en lisant un petit livre plein de malice, d’humanité et d’humour ? Alors ce court roman d’Aurélie Valognes est fait pour vous ! Une vraie petite pépite à ne pas manquer !
Ferdinand Brun vit dans une résidence, tout seul dans son appartement avec sa chienne Daisy, et cela lui convient tout à fait. Associable sur les bords, acariâtre, il ne s’en laisse pas compter. Et si les voisines de la résidence le trouvent peu aimable et pense qu’il pourrait être un tueur en série, grand bien leur fasse ! D’ailleurs, il ne se prive pas de le leur laisser croire en parlant de ses lectures équivoques. Et quitte à être « emmerdé » par cette bande de saintes-nitouches, il y va franco : odeur de cigare dans les couloirs alors qu’il y est interdit d’y fumer, et qu’il ne fume même pas le cigare, balcon non fleuri et arrosé de désherbant, histoire d’embêter la concierge, Mme Suarez, qui aimerait tant que son immeuble soit parfait. D’ailleurs, parlons-en de Mme Suarez : elle a une dent contre lui et sa chienne, persuadée que cette dernière à tué ses canaries. Alors le jour où sa chienne est introuvable, puis retrouvée morte, plus grand chose ne retient Ferdinand à la vie… Et sa fille, depuis Singapour, ne lui rend pas les choses faciles, souhaitant l’enfermer dans une maison de retraite. S’ensuivent inspections de l’appartement pour voir s’il est capable de se débrouiller seul… à 83 ans ! Et par Mme Suarez qui plus est ! De quoi rendre fou Ferdinand… Mais c’est sans compter sa nouvelle petite voisine Juliette qui va réussir à s’imposer dans le vie du vieil homme, et de sa voisine de pallier, peut-être plus sympathique qu’il ne pensait…
Ce roman est une réelle bouffée d’air frais et se lit d’une traite ! On jubile, on s’énerve, on s’émeut, et on rit : un petit roman qui fait un bien fou ! J’ai eu quelques réserves au début, j’avais surtout peur de ne pas m’attacher au personnage de Ferdinand, cet homme aigri, méchant et seul. Mais il n’en est rien ! C’est surtout un vieil homme plein de failles qui ne s’en laisse pas compter, qui a fait un nombre incalculable d’erreurs dans sa vie mais qui commence à en prendre conscience. On s’attache à lui, comme le font Juliette et Mme Claudel, on compatit, et c’est rapidement Mme Suarez que l’on prend en grippe…
Aurélie Valognes nous propose un roman plein de fougue et d’espoir, juste et bien écrit. C’est enlevé et frais, et s’ils sont parfois un peu caricaturaux, les personnages sont touchants dans leurs fêlures, drôles dans leurs réactions, humains en somme. On se régale de leurs tribulations, et la scène au commissariat de police est surréaliste, elle m’a pris aux tripes, ajoutant un suspens qu’on n’attendait pas dans ce type de roman. La réaction de Mme Claudel est jubilatoire. Pour un aussi court roman, l’auteur réussit à nous surprendre constamment, avec de nombreux retournements de situations, et ce jusque dans les dernières pages.
On se délecte à cette lecture, on prend un plaisir incroyable et on s’en sent grandi : et si toutes les personnes âgées autour de nous, celles qui nous sont proches, et celles qu’on croise dans la rue, les supermarchés et boulangeries, et qui râlent un peu trop à notre goût sur le monde qui les entoure, n’étaient pas ce qu’on croyait ? Et elles ne le sont certainement pas d’ailleurs, elles sont sûrement comme Ferdinand, pleine de fêlures, de maladresses, et surtout extrêmement seules, avec l’impression d’être abandonnées de tous. Et il est bon de le rappeler, avec cet humour et cette foi en l’humanité que nous propose Aurélie Valognes.
Pour finir, je n’aurai qu’un seul conseil : lisez d’urgence ce roman bon pour le moral, enlevé, drôle, jubilatoire et rafraîchissant !
Ma note : 5/5
Oh la le, c’est tout à fait le type de lecture qui m’attire ces temps-ci. 🙂
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Je suis en train de le lire. C’est un régal. Je ne vais pas trop vite. Il sera refermé avec regret.
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