N’oublier jamais de Michel Bussi

Michel Bussi, N’oublier jamais, Presses de la Cité / Pocket, Paris, 2014/2015.

n'oublier jamaisCela fait quelques années déjà que j’entends parler des romans de Michel Bussi : thrillers addictifs, bien écrits, à la fin surprenante et inattendue. N’oublier jamais est le premier que je lis de lui. Et bien, je ne suis pas déçue !

Jamal est handicapé : il a une prothèse à la jambe. Loin de le freiner, il s’est donné des buts à atteindre et se donne les moyens d’y arriver. Alors qu’il prépare la course la plus difficile au monde, qui a lieu dans les Alpes, il part à Yport en Normandie pour s’entraîner : à lui les falaises et les dénivelés pour tester son endurance. Lors de l’un de ses entraînements quotidiens, il aperçoit d’abord une belle écharpe rouge accrochée à une barrière, qu’il décide de ramasser : soit le propriétaire de l’hôtel où il loge saura à qui elle est, soit il la gardera. Puis, il voit une jeune femme magnifique en haillons et en plein désarroi, au bord de la falaise, prête à sauter. Il lui parle, tente de la raisonner mais rien n’y fait : elle veut qu’il parte. Alors, il lui lance l’écharpe comme une bouée de sauvetage pour la ramener loin du bord : elle l’attrape, la tire fort et saute dans le vide. Jamal se précipite en bas de la falaise où il rejoint une vieille dame et un homme d’une cinquantaine d’années qui l’ont vu tomber, et se rapprochent du corps. Et là, stupéfaction : l’écharpe n’est pas dans ses mains mais enroulée autour de son cou. Il n’y comprend rien. Très vite, la police le voit comme un suspect et fait le rapprochement avec des affaires extrêmement similaires ayant eu lieu 10 ans plus tôt. Alors, qui allez-vous croire de Jamal ou des policiers ?

On ne sait pas où on va avec ce roman, et c’est bien ce qui m’a décontenancée au début. Je ne parvenais pas à rentrer dedans car je ne voyais pas vraiment où l’auteur voulait nous emmener. Puis Jamal commence à recevoir de mystérieux plis sur des affaires datant d’une dizaine d’années, et là, l’intérêt s’éveille et je me suis laissée entraîner, sans rien chercher à comprendre ou contrôler.

Tout comme Jamal, on essaie de comprendre. Et plus on essaie, plus tout s’embrouille : les pistes et les témoins s’effacent, les enveloppes continuent à s’accumuler comme par magie, la seule personne à qui faire confiance est la seule qui aurait pu lui faire parvenir ces enveloppes. Pourquoi lui envoie-t-on tout cela, pourquoi cette écharpe rouge est réapparue au cou de cette femme, pourquoi aucun journal ne parle de cette nouvelle affaire, pourquoi pourquoi pourquoi ? Les questions s’accumulent, et comme Jamal, on commence à devenir fou, à ne plus rien savoir. On en vient même à se dire que l’auteur nous manipule : son narrateur, Jamal, à qui on fait confiance depuis le début, puisque le lecteur fait toujours confiance au narrateur, serait-il l’assassin ? Nous mènerait-il en bateau ? A-t-il lui même tout oublié ? Travaillant dans un institut psychiatrique, serait-il dingue lui-même ?

Michel Bussi réussit à nous faire douter de tout et à nous prendre dans les tentacules du monstre qui finit par émerger. Car le dénouement est tout simplement incroyable. Incroyable, dans le sens pas croyable. Impossible. Et pourtant si, tout à fait possible et cohérent. A se poser des questions sur les comportements humains.

Et le mieux encore, c’est que quand on croit que tout est fini, qu’on a compris, qu’on a le fin mot, et bien non. Pas encore. Et jusqu’à la dernière page, on est tenu en haleine comme jamais.

Je ne peux pas parler longuement des personnages sans en révéler trop sur l’intrigue. Mais sachez que chaque personnage est extrêmement bien construit. Vous aurez compris que Jamal est le bouc-émissaire parfait dans cette histoire : présent sur les lieux du crime, le seul témoin à avoir vu la jeune fille sauter, arabe venant de La Courneuve et ayant vécu dans une des plus grande cité de France, handicapé et travaillant dans un institut psychiatrique : tout l’accuse. On se prend d’affection pour ce jeune homme ayant eu une vie très compliquée, mais qui tente de s’en sortir malgré tout. Et on s’interroge sur ce système qui catalogue les individus, et rend plus suspect certaines personnes aux profils déterminés plutôt que d’autres qui paraissent bien sous tout rapport mais qui cachent des trésors de psychoses et de folies.

Vous l’aurez compris, j’ai aimé. J’ai adhéré à l’intrigue. Je ne vous cache pas que la fin est un poil tirée par les cheveux. Mais tout se tient. Tout prend sens. Alors oui, c’est un roman addictif, parfait pour un moment de décompression.

Ma note : 5/5

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