Viveca Sten, La Reine de la Baltique, Albin Michel / Le Livre de Poche, Paris, 2013 / 2014.
Viveca Sten est présentée comme la nouvelle Camilla Läckberg. On peut imaginer pourquoi : auteurs suédoises toutes les deux, elles écrivent des polars aux héros attachants. Cependant, je trouve la comparaison réductrice, et l’ambiance des ouvrages assez différente…
Parlons de l’histoire de La Reine de la Baltique. Un corps est retrouvé échoué et pris dans des filets de pêche sur l’île de Sandhamn, petite île idyllique où de nombreux suédois fortunés y viennent en villégiature. Branle bas de combat dans la petite communauté : s’agit-il d’un suicide ? D’un simple accident ? D’un homicide ? La thèse du suicide semble émerger après l’enquête préliminaire de l’inspecteur Thomas Andreasson qui connaît bien cet archipel. L’homme retrouvé n’aurait semble-t-il aucun lien avec l’île… Mais bien avant que l’enquête ne soit classée, la cousine du défunt, dont elle était la seule famille, est à son tour retrouvée morte dans un petit hôtel de l’île… L’été vire au cauchemar, et ce n’est pas l’amie d’enfance de Thomas, Nora Linde, en villégiature dans sa maison sur l’île, qui dirait le contraire…
L’histoire n’est pas banale, et on est loin du cadre froid et glacial qu’on peut trouver dans les polars d’auteurs nordiques. Nous suivons l’enquête, dans ses dédales, ses minuscules avancées et son long sur place. Ce qui entraîne quelques longueurs… Cependant, des héros attachants, aux vies personnelles à la fois compliquées et reflétant notre société, atténuent ce point faible. Thomas, divorcé après la mort prématurée de sa fille, essaie difficilement de se reconstruire et plonge la tête la première dans le travail. Nora, quant à elle, est mariée avec un médecin, a deux enfants et fait carrière dans la finance. Tout semble aller pour le mieux, si ce n’était sa belle-famille critique, son chef odieux, son entourage ne comprenant pas son désir de faire carrière, et même pas son mari. Elle va se retrouver prise dans l’enquête, mais elle n’est pas la partenaire directe de Thomas, et ne cherche pas frénétiquement des réponses dans une affaire qui ne la concerne pas – comme c’est le cas d’Erica Falck, l’héroïne de Camilla Läckberg, d’une grande curiosité.
Viveca Sten a une écriture agréable et fluide. Elle nous laisse dans les tourments de l’enquête qui part dans des directions variées. Chaque point de la vie des défunts est analysé et interrogé, approfondi, et mènera à un dénouement auquel on ne s’attend pas. Je me suis maintes fois posé la question de savoir si tout ceci était vraiment lié à la piste privilégiée par les enquêteurs, je me suis demandée si toutes les morts étaient vraiment liées, ou si certaines n’étaient pas une conséquence malheureuse des événements survenus sur l’île… Certains de mes doutes et hypothèses ont été confirmés, mais je n’aurais pas imaginé le dénouement. Il faut dire que, comme Thomas et Nora, nous n’avions pas en main, simples lecteurs, les indices suffisants pour arriver à la bonne conclusion, jusqu’à ce que la pièce maîtresse soit révélée en fin d’intrigue. Et sans en connaître parfaitement la teneur dans un premier temps, j’ai ensuite eu de gros doutes, confirmés par la suite. Ce fut juste bien frustrant de n’avoir pas toutes les clés en main dès le début, afin qu’on essaye en même temps que les héros de tout remettre en place pour arriver à la bonne conclusion – comme c’est le cas des polars d’Agatha Christie. Mais je pense qu’on est plus proche ici de ce que doivent vivre les policiers lors d’une enquête fastidieuse pour homicide.
Pour conclure, des longueurs, certes, mais des héros attachants, une intrigue bien menée, bien que frustrante, avec une fin surprenante mais pas tirée par les cheveux. Bien écrit, agréable à lire, foncez sur l’île de Sandhamn profiter de la chaleur caniculaire de cet été “cauchemardesque”.
Ma note : 4/5
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