Lecture dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs 2014
Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais, Actes Sud, Paris, 2014.
La petite communiste qui ne souriait jamais se situe entre la biographie d’une grande gymnaste, l’essai sur la situation de la Roumanie à la fin des années 70 et les années 80 et la fiction sur une petite fille au destin pas comme les autres. Ce roman est d’une richesse incroyable, et ce premier livre sélectionné au Prix Relay des voyageurs que je lis est une très belle surprise.
C’est l’histoire de Nadia Comaneci. Qui n’en a pas entendu parler ? Cette gamine de quatorze ans que le monde a découvert lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976 et qui a obtenu pour la première fois de l’histoire des JO un 10, et dans plusieurs disciplines, à tel point que les ordinateurs ont été incapables d’afficher ce résultat parfait et impossible. Cette gamine qui a écrasé les russes avec une désinvolture déconcertante, et une concentration inébranlable. Le tout dans une Roumanie dirigée par Ceausescu qui a profité tant qu’il a pu de ce symbole de perfection, produit pur du communisme et de la Roumanie. Quel pied de nez aux russes ! Mais l’histoire de Nadia C. ne s’arrête pas à cela. Son enfance, sa découverte par Béla qui l’initiera à la gymnastique et qui la coachera et la managera une grande partie de sa carrière, ses sacrifices qu’elle ne considérera jamais comme tels, son passage à l’âge adulte avec des phases très particulières pour l’enfant gymnaste, le déchirement entre est et ouest, la dureté des médias, des systèmes politiques, la cruauté des hommes qui l’entoureront tout au long de sa vie : tout cela fait de la vie de cette femme une fresque complexe qui nous apprend des choses incroyables et palpitantes sur cette période troublée de notre Histoire.
Ce roman est passionnant, il alterne des éléments avérés de l’histoire de cette gymnaste au talent spectaculaire, qui ne craignait jamais de se rompre le cou, symbole du prestige du communisme tel que les plus grands dirigeants voulaient qu’il apparaisse, avec des échanges rêvés entre l’auteur et Nadia, afin de marquer encore la difficulté d’analyser ce monde éteint, passé, au regard de celui que nous connaissons aujourd’hui, et de passer outre la critique facile d’un monde et d’une situation que nous n’avons pas connu de l’intérieur. L’auteur nous révèle également qu’elle s’est permis d’imaginer et de transposer ce qui s’est passé entre les faits et dates connus, via différentes sources, dont biographies et essais sur la Roumanie de ces années-là, et ce afin de donner une cohérence au destin fabuleux de cette petite communiste sortie de nulle part.
Comme l’histoire qu’il raconte, ce roman est pluriel et divers, avec ces conversations supposées en italique, le récit de la visite de l’auteur en Roumanie, mais aussi à cause de l’écriture très particulière de Lola Lafon, qui s’apparenterait à une écriture journalistique, avec un recul historique probant, le tout présenté de manière fluide, agréable à lire. Où s’arrête le véridique de la réalité purement historique ? Bien difficile à déterminer… A la lecture de ce livre particulier, je me suis prise à croire sur parole à tout ce que me racontait Lola Lafon. Mais n’est-ce pas le cas de tout roman que nous lisons ? Ici, le fait de retranscrire l’histoire d’un personnage historique rend cette impression d’autant plus forte. Mais est-ce la cohérence de tout cela (rappelons que l’auteur a conservé faits, événements et dates) ou l’écriture si particulière de Lola Lafon qui donne l’impression d’être embarqué avec une journaliste dans ses recherches sur la vie de cette femme, fait accentué par ces conversations, pas toujours simples, entre elles deux ? La fille qui a grandi à l’est et l’autre à l’ouest ? Aussi, peut-être, par cette succession de chapitres courts, qui permet au lecteur de se faire embarquer bien plus facilement ?
Lola Lafon nous embarque dans un voyage édifiant où nous partageons le destin incroyable de Nadia Comaneci durant près de quinze années en seulement 309 pages.
Ma note : 4/5
Et puis, bien entendu, on pense à voter pour ce roman dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs 2014 en cliquant ici !
Pour le plaisir, deux petites vidéos des exploits de Nadia Comaneci au JO De Montréal en 1976 :
C’est vrai que c’est un roman intéressant. J’ai surtout aimé les parties sur le corps.
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