Connie Willis, Blitz T1, Black Out, Bragelonne, Paris, 2012.
Quel roman, mais quel roman ! Ma chronique a été longue à venir, mais l’impression que m’a laissé ce livre il y a déjà quelques semaines est encore prégnante. Un de mes coups de coeur de l’année, vous êtes prévenus !
En 2060, le métier d’historien a considérablement changé. Plus question de passer son temps dans les livres ou sur les chantiers de fouilles archéologiques, l’historien vit littéralement le passé. En effet, les technologies ont à ce point évolué que le voyage dans le passé est possible, et utilisé pour prendre connaissance dans les moindres détails de notre Histoire commune. Polly, Mérope, Michael et bien d’autres font parties de ces historiens de haut vol, basés à Oxford. Tous trois sont amenés à voyager durant la Seconde Guerre mondiale : Mérope pour vivre l’évacuation des enfants de Londres et leur accueil dans les campagnes anglaises, Michael pour vivre différents événements clés de la guerre, notamment Pearl Harbor et la bataille de Dunkerque et son évacuation, Polly le Blitz de Londres. Mais déjà, avant de partir, les laboratoires sont en branle bas de combat : des expéditions sont annulés, modifiés, intervertis, sans qu’aucune explication ne soit donnée. Et voilà nos trois historiens partis dans leurs missions à haut risque. Mais ces voyages dans le temps sont-ils réellement sûrs ? Les historiens peuvent-ils, sans le vouloir, modifier le passé ?
Ce premier tome nous enlève pour nous faire découvrir la Seconde Guerre mondiale comme on ne l’a jamais vu, avec un recul historique des protagonistes incroyable, et un lien marqué entre eux, malgré leur distance temporelle. Le concept de voyage dans le temps est mené avec brio, les détails sous-tendant ce concept sont fouillés et plein de réalisme. Car Connie Willis a pensé à tout : la préparation de tels voyages nécessite des costumes appropriés pour se fondre dans la masse à l’arrivée, le bon accent pour ne pas détonner, surtout en plein conflit mondial, les papiers d’identité adéquats, une connaissance accrue du fonctionnement des technologies anciennes, et le bon endroit pour débarquer dans un lieu et une époque différente d’Oxford – 2060. Alors, forcément, le lecteur s’y laisse prendre : si le voyage temporel devait exister, il se passerait exactement de cette manière, à n’en pas douter !
Ce roman est surtout empreint de réalisme, au regard de notre histoire actuelle : avec le recul des années 2060, on apprend qu’une vague de terrorisme s’est abattue en Angleterre dans les premières décennies du XXIe siècle. Alors, on y croit, et on espère que Connie Willis n’est pas vraiment prophétesse !
Parlons maintenant des personnages. L’auteur nous propose des personnages d’une grande richesse, qu’on aime suivre. Polly, Mérope et Michael sont ceux qu’on suit le plus, alors on y est d’autant plus attaché. Mais il ne faut pas oublier les autres voyageurs temporels, qui apparaissent un peu en marge, mais qui auront toute leur importance dans la suite de l’intrigue, on le pressent bien. Et les personnages historiques que rencontres nos historiens sont fabuleux, surtout ceux qui croisent le chemin de Polly à Londres.
Connie Willis, en plus de tout cela, nous offre un premier tome très bien écrit, qu’on prend grand plaisir à dévorer, et ce malgré ces 672 pages. Elle réussit à instiller dans l’intrigue ce qu’il faut de suspens pour nous donner l’envie irrépressible de lire le tome 2 dans l’instant. Une chance pour nous, All Clear sera disponible dans nos librairies le 23 août prochain ! La fin du tome 1, au cliffhanger haletant, mêlant pour nos trois protagonistes problèmes de voyage temporel et problèmes historiques liés aux événements de la Seconde Guerre mondiale, rend indispensable la lecture de ce second tome. Seul bémol, le prix assez conséquent de chaque tome (25 euros). Mais Black Out fut un tel coup de coeur que vous pouvez d’ores et déjà vous attendre à une nouvelle chronique pour cette suite dès septembre… Affaire à suivre !
Ma note : 5/5
Et voici la très belle couverture d’All Clear !