Roma Tearne, Retour à Brixton Beach, Albin Michel / Le Livre de Poche, 2011 / 2013, Paris.
Retour à Brixton Beach… quel roman ! C’est bien le genre de livre qui continue à nous hanter bien après qu’il ait été refermé.
En 1973, Alice est une enfant de 9 ans qui vit sur l’île de Ceylan, futur Sri Lanka. Fille d’une Cinghalaise, Sita, et d’un Tamoul, Stanley, elle représente à elle seule toutes les complications que vont connaître son pays. Car en effet, c’est à cette époque que s’exacerbent les tensions entre ces deux communautés, début d’une longue guerre civile entre ces deux peuples. Alice est entourée de ses grands-parents maternels, et surtout de son grand-père Bee, qu’elle adore, un artiste qui vit près de la mer, d’une grande générosité envers tous les opprimés, même si son beau-fils ne l’entend pas ainsi. Sea House, la maison de ses grands-parents, est un havre de paix et elle est synonyme de joie pour Alice. Elle y vit des aventures avec son ami Janake, elle y reçoit l’amour et toute la gentillesse de sa tante May, y apprend la bicyclette et passe des moments magiques à récupérer toutes sortes d’objets sur la plage pour en faire des objets merveilleux. Mais les malheurs vont commencés à pleuvoir sur ses parents, et un exil en Angleterre va être inéluctable. Mais la vie là-bas, si loin, loin de ses racines, sera bien loin d’être évidente, surtout quand l’horreur atteint Londres en juillet 2005.
Que dire de ce roman ? Il y a des milliers d’histoires dans l’histoire, de très nombreux personnages et autant de destins individuels. Si la moitié de l’ouvrage se déroule sur quelques mois, la seconde s’accélère, et se passent trente ans en 300 pages. Et loin d’être dérangeant, on est happé comme Alice dans ce flot insensé de la vie qui suit son cours, bon an, mal an, sans que rien ne puisse venir modifier le cours des événements. Loin d’être un roman léger, comme la couverture pourrait le suggérer, ce roman traite de thèmes très actuels et difficiles : l’exil, la séparation, l’intégration, la question des origines, la mort, l’acceptation, la cruauté, la guerre.
Les destins de Bee, Sita, Alice bien sûr, Kunal également, May, Sirath, tous ces personnages pris dans une histoire que nous connaissons peu en Europe, sont fascinants.
Roma Tearne nous offre un roman plein de subtilités, où l’écriture est fluide, enchaînant dans un même chapitre des passages à Colombo et à Sea House, ou encore à Londres et à Ceylan. Les analogies sont frappantes, ainsi que la distance entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés, doublés de nombreuses incompréhensions entre ces protagonistes que la distance éloigne inexorablement.
L’auteur découpe son oeuvre en quatre parties, “Bel Canto”, “Inferno”, “Purgatorio”, et “Bel Canto” à nouveau. Les chapitres sont peu nombreux, et donc assez longs, mais quand on est pris dans la lecture, ce n’est absolument pas dérangeant. Et cette idée que l’histoire a toujours tendance à se répéter est très forte.
La lecture de ce roman est une vraie immersion dans un monde inconnu, et la richesse des histoires, de l’Histoire de Ceylan, de tous les événements du quotidien des personnages, de ses guerres qui nous entourent sans qu’on ne les remarque vraiment, font de ce livre un ouvrage dense et qu’il faut absolument lire. Car on se rend compte de bien des choses, de toutes les difficultés qui nous entourent. Ce livre nous fait ouvrir les yeux, sa lecture est donc tout à fait nécessaire.
Pour résumer, lisez-le !
Ma note : 4/5
Bien noté. Thank’s !!
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