Marilou Aznar, Lune Mauve #2 L’Héritière, Casterman, Paris, 2013
Quelle suite, mais quelle suite ! Je conseille à ceux qui n’ont pas lu le premier tome de le faire, déjà, ou encore de lire ma précédente chronique parce que celle-ci va forcément contenir de nombreux spoilers… Vous êtes prévenu !
Nous retrouvons Séléné, de retour au lycée Darcourt. Après quelques semaines passées à Viridan, le monde auquel sa mère appartenait, ce monde emprunt d’anciennes croyances mésopotamiennes, où la lune est mauve, le culte rendu à Ishtar prédominant et où elle a reçu un enseignement accéléré de T’sent, ces prêtresses auxquelles elle appartient depuis qu’elle est devenue la messagère d’Ishtar, elle est de retour à Paris. Et ce n’est pas simple : tout en suivant normalement les cours afin de ne pas se faire remarquer, accompagnée en cela par Cléo, une jeune T’sent qui aurait dû devenir la messagère à sa place, elle doit aider cette dernière, ainsi que Vadim, héritier du trône de Viridan depuis la chute du tyran Edon, et de Dagan, à trouver un antidote au Fléau qui tue à petit feu toutes les femmes de Viridan. Séléné souhaite avant tout revenir à sa vie d’avant, une vie normale où elle pourrait être heureuse avec Thomas, la star montante du rock français, gérer sa peste de cousine Alexia, profiter de ses amis Nora et Rimbaud, passer du temps avec son père et sa grand-mère Milou. Mais la quête de l’antidote n’est pas de tout repos, surtout quand une secte qu’ils pensaient disparue s’acharne à contrecarrer leurs projets et qu’elle doit gérer ses sentiments pour celui qu’elle a abandonné après leur seule nuit ensemble et qui l’a cru un temps morte…
Marilou Aznar nous offre une suite à la hauteur du premier opus, ce qui est souvent un exercice difficile. Pari réussi ! La très belle écriture de la romancière accompagne Séléné, qui connaît dans ce volume de nombreuses péripéties et qui doit se sacrifier pour protéger les siens et arriver à ses fins, pour venger sa mère et son demi-frère Laszlo et revenir à une vie plus simple. A nouveau, les troubles de l’adolescence, les premiers amours, les jalousies et tout ce qui sous-tend l’adolescence sont bien présents. Cependant, après un premier volet introductif, qui accompagnait la prise de conscience de Séléné de ses origines et du monde de sa mère, on en vient enfin à des éléments bien plus concrets de l’histoire. Viridan est directement abordé, avec sa mythologie, ses rituels, ses croyances et ses coutumes. Basé sur la civilisation mésopotamienne, Marilou Aznar a poussé très loin ses recherches, allant jusqu’à expliquer la création de ce monde “parallèle”, se basant sur des faits historiques et archéologiques, et autour des croyances des anciennes civilisations. Autant vous dire que j’ai grandement apprécié ces passages ! Mais je ne vous en dirai pas plus, si ce n’est que tous ces points sont abordés par le père de Séléné, universitaire de renom, que ce soit au travers de petites citations tirées de ses notes personnelles sur ce monde particulier en début de chapitre – carnet que je serais bien curieuse de feuilleter un jour… à bon entendeur ! – ou de ses réflexions au sein du roman, ce qui rend le propos d’autant plus plus fort !
Les personnages sont toujours aussi attachants et intéressants, Séléné prend de l’envergure. Je regrette que le personnage de Nora soit si peu présent dans ce tome, et l’absence totale d’Adrien. Mais la belle galerie de personnages que l’auteur nous dépeint s’étoffe encore dans cet ouvrage, avec les trois personnages de Viridan, aussi antipathiques soient-ils, mais surtout avec l’apparition de Rimbaud, haut en couleur, à la langue acérée, qui fut un de mes personnages coup de coeur de ce roman. J’espère que ce personnage va s’étoffer dans le prochain tome, et qu’on le retrouvera au meilleur de sa forme !
Un grand coup de coeur que ce second volet des aventures de Séléné que j’ai littéralement dévoré. Une belle plume qui mêle à la perfection les déboires adolescents et les aventures fantastiques. Un univers dans lequel j’ai hâte de me replonger !
Ma note : 5/5
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